Je ne sais pas vous, mais moi, je ne comprends pas les gens qui klaxonnent dans les embouteillages. Ça rapporte quoi ? Le klaxon n’est pas un bouton magique qui dégage les 10km de bouchons, hein.
C’est comme ce gars qui klaxonnait et me faisait signe d’avancer l’autre jour alors que j’attendais que le conducteur devant moi se gare. Je lui ai fait le signe international pour « Et quoi ? » (levez le bras et faites pivoter la main de plus ou moins 90 degrés). Il s’énervait. Traditionnellement, je conclu avec un autre geste : je lève légèrement les bras et fais battre mes mains, en signe de « Tu veux que je m’envole ? » mais ce jeune homme avait l’air costaud et particulièrement de mauvais poil et moi, j’étais accompagnée d’un ami. S’il était sorti de sa voiture, c’est mon passager qui aurait dû se battre ; je n’allais pas le faire assumer ma grande gueule (ou devrais-je dire « mes grands gestes » ?). Je me suis donc dépêchée de redémarrer dès que faire se pouvait et ai vite tourné dans une rue pour laisser le stressé passer.
– Maria… c’est un sens unique.
– Ben voilà. C’est comme ça quand on me stresse.
L’impatient a ri et continué son chemin. Le conducteur derrière lui, bienveillant, m’a laissé manœuvrer pour me sortir de ce faux pas.
Ceci dit, je sais, les embouteillages, c’est pas drôle mais pourquoi s’énerver ? On est coincé de toute façon. Moi aussi, j’ai déjà envisagé d’abandonner mon véhicule pour marcher à destination (j’aurais laissé les clés dans le contact pour qu’on puisse dégager la voie, je ne suis pas asociale) mais en règle générale, je monte le son. Je chante, je danse, je m’improvise une fiesta. Un vendredi d’ouverture d’un festival estival, le ring était tout simplement bouché. Je zappais de station de radio en station de radio quand je suis tombée sur YMCA. Au même moment, j’ai remarqué les passagers de la voiture de devant : ils étaient en train de faire la chorégraphie, on écoutait la même chaîne ! Je n’ai pas pu résister et je me suis lancée dans le délire. Oui, toute seule dans ma voiture. Rien à cirer. Il faisait beau, j’étais en route pour rejoindre mon amie pour un concert ; la vie était belle. Le chauffeur a fini par me repérer dans son rétro et quatre têtes se sont tournées vers moi, tout sourire. Ils ont crié en levant les pouces (pour les jeunes : ils m’ont likée, quoi) et on a continué ensemble jusqu’à la fin de la chanson, moment où nous nous sommes applaudis mutuellement. Aux yeux d’autres conducteurs, je devais faire partie du groupe (oui, la copine qui suit seule dans sa voiture ; rigolez pas, ça m’est déjà arrivé). Aux yeux de mes co-danseurs d’autoroute, j’étais peut-être une tapée. Peu importe. Moi, ça m’a amusée.
J’en reviens donc au fait de klaxonner : why, les gens, why ? En cas d’embouteillages, il faudrait interrompre les programmes radio pour un flash info d’urgence et passer YMCA (seulement dans les voitures coincées ; géolocalisation et tout). Imaginez ça… Tous en train de danser dans nos voitures… La fête, quoi. Enfin, je suis sûre qu’il y en aura toujours pour croiser les bras sur leur poitrine en boudant « Nan, moi, je fais pas la choré ! Je suis pas content que quelqu’un ait osé avoir eu un accident aux heures de pointe/que la neige m’ait fait le coup de tomber alors que je n’étais pas encore rentré/ qu’on ait interrompu mon émission de radio préférée pour des gamineries/ que vous ayez tous l’air de n’avoir aucun souci dans la vie alors que moi, je… » Ces gens-là, c’est comme ceux qui refusent de mentir à leurs enfants sur l’existence de Saint-Nicolas ou du Père Nöel.
Mais ça, c’est une autre histoire.